Humeur | “2020 sera mon année”
- Marnie
- 15 mars 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 oct. 2020
Chaque premier janvier, nombreux sont les individus à afficher une foi inébranlable en l’année à venir, qui sera, à n’en pas douter, bien meilleure que ces derniers mois à la fluidité discutable.

Alors que vous commenciez à vous demander si vous n’avez pas commis un crime contre l’humanité dans une autre vie — une des seules raisons pouvant expliquer les galères à répétition placées en travers de votre chemin — vous voyez poindre avec espoir la nouvelle année, celle qui vous débarrassera de tout le bad joojoo qui vous a collé aux basques ces derniers mois. Car après tout, l’humain est ainsi fait : on aime penser que “la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit” et que ce qui s’est passé en 2019 reste en 2019.
Avec l’enthousiasme d’un veau naissant tentant de gambader à travers champ au mépris de ses guiboles flageolantes, vous embrassez cette nouvelle vie symboliquement débutée le 2 janvier — le 1er janvier n’étant qu’une dimension parallèle où l’être humain nage dans le flou le plus total — et ce qu’elle a à vous offrir.
Puis... Coronavirus.
D’abord perplexe face au Covid-19, la population s’est petit à petit laissée gagner par la réalité de la situation (une évolution des comportements digne d’un ouvrage de psychologie, du déni à l’acceptation), et nous voilà aujourd’hui confrontés aux “joies” du confinement.
Et c’est très étrange, le confinement. C’est un peu comme dans ces films en huis clos où des personnages qui n’ont pas grand chose en commun sont contraints d’être logés à la même enseigne. De ce fait, dans le film, les gens qui ne se parlaient pas ou ne pouvaient pas s’encadrer finissent par devenir amis. Cela fait à peine 2 jours que la France est plus ou moins en confinement officiel, et déjà, le contenu des réseaux sociaux s’est uniformisé en véritable journal de bord, où chacun y va de son documentaire ou de son mème sur la bizarrerie de la situation. Un peu comme si, pendant un court instant (qui risque quand même de durer plusieurs semaines), on était tous unis face à l’adversité.
Alors oui, pour ce qui est de miser sur 2020 comme “son année”, tout le monde est un peu redescendu de cinq étages. Festivités reportées, voyages annulés, individus qui achètent l’équivalent du PIB du Panama en PQ… cela va sans dire, on a connu mieux.
Mais le confinement n’est-il pas au fond, qu’un premier janvier qui aurait décidé de ne jamais finir ? Pensez-y : tout est fermé, personne ne sait vraiment quoi faire et il flotte dans l’air un sentiment un peu surréaliste, comme lors d’une longue gueule de bois. Alors en attendant que le 2 janvier se pointe et que 2020 commence vraiment, on essaie de tirer du positif de la situation comme on peut.
Sur Instagram chacun y va de son conseil pour passer un confinement du feu de dieu : lire, dessiner, arroser ses plantes, danser dans son salon, créer une chaîne TikTok (whatever that means) ou encore chanter sur son balcon, comme en Italie. Les premières tentatives ont démontré un faible enclin des Français à vouloir pousser la chansonnette avec leurs voisins, mais qui sait. D’ici quelques jours, vous entonnerez peut-être Prière païenne avec le balcon du 3e étage, de l’autre côté de la rue.
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